La poste d'étapes
Courrier des évacués
En mars 1915, les allemands exigent des mairies de l’Arrondissement qu’elles leur fournissent des listes de personnes sans ressources ou incapables de travailler, ceci afin de les évacuer vers la France. Durant toute la guerre, il y eut plusieurs convois d’évacuation organisés par les allemands avec l’assistance de la Croix Rouge.
La directive IIa n° 33160 du 4 décembre 1915, précise les modalités d'évacuation :
"1. Les catégories de personnes suivantes ont droit à l'évacuation :
a) Les femmes et les enfants qui, séparés de leur soutien de famille, ne sont pas en mesure d'assurer seuls leur subsistance.
b) Les enfants qui ont été séparés de leurs proches par la guerre.
c) Les personnes malades, notamment celles souffrant de maladies pulmonaires, qui ne peuvent pas recevoir de soins suffisants ici.
d) Les femmes et les enfants des classes les plus pauvres dont les moyens financiers sont épuisés.
e) Les hommes qui sont incapables de travailler et qui n'ont pas l'âge de la conscription.
f) le personnel infirmier français dont le travail n'est plus nécessaire ici.
2 et 3 [...]
4. Les personnes qui sont en mesure de fournir à l'ennemi des renseignements précieux sont exclues du rapatriement. Lorsque la mise en quarantaine est jugée nécessaire, elle doit être effectuée en temps utile avant le transport dans la zone de rassemblement arrière, en des points désignés qui, dans l'intérêt du secret des transports de troupes, doivent être suffisamment éloignés de la voie ferrée.
Tous les transports doivent être accompagnés de listes en double exemplaire contenant le nombre exact de personnes, leurs prénoms, noms, âges et lieux de résidence, faute de quoi la Suisse n'acceptera pas de transports. Le numéro du haut commandement d'Armée ou de l'Inspection d'étape d'où proviennent les évacués ne peut figurer sur les listes.
5. Les bagages des rapatriés doivent être étiquetés de manière précise avec le numéro qu'ils portent sur la liste à établir conformément au point 4, avec leur prénom, leur nom et leur lieu de résidence.
6. Tous les transports doivent être accompagnés. Le personnel d'escorte doit être soigneusement sélectionné et doit empêcher la transmission de messages écrits. En particulier, ils doivent également veiller à ce qu'il n'y ait aucun contact avec les personnes transportées. Dans le même but, les commandants de ligne doivent recevoir des instructions pour assurer un bouclage et une surveillance stricts. L'escorte des transports individuels par la police militaire secrète semble souhaitable. Vers la fin du voyage, tous les transports devront être soumis à une inspection approfondie. Les épreuves inutiles sont à éviter.
7. Les trains individuels doivent être composés de telle sorte qu'ils contiennent des membres de toutes les classes. Les personnes disposées à voyager et capables de payer les frais de voyage paient le tarif normal.
8. Le rapatriement de personnes souffrant de maladies vénériennes transmissibles et d'autres maladies contagieuses est expressément interdite, la Suisse ayant refusé d'accueillir ces personnes. Toute violation de cette interdiction entraînerait des difficultés inattendues avec le gouvernement fédéral suisse, ce qui entraverait la poursuite du transport. Les malades des poumons doivent être isolés et inscrits sur des listes spéciales, afin de prévenir le danger d'infection et de fournir des soins appropriés aux malades en Suisse. Les personnes dont l'âge ou l'état de santé rend le voyage dangereux doivent être exclues du voyage.
9. Le Haut Commandement d'Armée prendra toutes les dispositions nécessaires.
10. Les biens des déportés restés sur place doivent être protégés dans la mesure du possible. Les autorités civiles seront largement sollicitées à cet effet.
11. Le rapatriement des malades mentaux est réglementé par un décret spécial.
12. la population est informée qu'une autorisation de départ individuelle ne peut plus être attendue".
La directive IIa n° 34055 du 12 décembre 1915, nous dit que : "L'autorisation de rapatriement est refusée aux jeunes gens de sexe masculin âgés de 15 ans et plus, à moins que leur état physique ne les empêche d'être appelés ultérieurement au service militaire".
La directive IIIc/VIa/IVb n° 62122 du 9 décembre 1917 précise que les évacués peuvent emporter avec eux 50 Fr par personne uniquement. L'argent et l'or sont interdits. En échange de l'argent ou des métaux précieux déposés dans une banque, l'évacué pourra obtenir une lettre de crédit.
Avant d'arriver en Suisse, les évacués pouvaient envoyer un cours message à leur famille. Les cartes postales étaient récupérées par les militaires les accompagnant. Ces cartes étaient ainsi ramenées au point de départ, où elles étaient traitées par le centre de contrôle postal.
Carte postale envoyée de LÖRRACH pour VALENCIENNES.
L’évacuée qui a écrit cette carte annonce qu’elle venait juste de traverser la frontière germano-suisse. Là aussi pas de contrôle postal au départ, mais seulement à l’arrivée à VALENCIENNES.
Carte postale envoyée de WEIL (frontière germano-suisse) pour VALENCIENNES. Contrôle postal à l’arrivée à VALENCIENNES par la 2ᵉ Armée (cachet “Geprüft P.Ü.St”).
Le courrier des évacués est peu commun.