Port dû 1830-1862
Lettres circulant dans la commune du bureau
Les lettres circulant au sein d'une commune possédant un bureau de poste sont nombreuses. Par ailleurs, un tarif existe déjà depuis 1800.
1834 : Lettre de TOURCOING pour TOURCOING datée du 5 août 1834. Ce pli est en port dû et taxé à la plume à 1 décime (lettre de moins de 15 g).
1848 : Lettre de LILLE pour LILLE datée du 6 décembre 1848. Port dû taxé à la plume à 1 décime (lettre de moins de 15 g).
Lettres circulant dans l'Arrondissement d'un bureau de poste
Depuis 1830, une lettre circulant entre la ville du bureau de poste et les villages dépendant de celui-ci faisait l'objet d'un tarif postal réduit. On dit que cette lettre circule dans l'Arrondissement Rural de ce bureau.
La plupart du temps et au moins au début, une Circonscription Postale se composait le plus souvent uniquement de l'Arrondissement Rural, du bureau de Direction, car il y avait peu de bureau de Distribution.
Les lettres circulant dans l'Arrondissement Rural du bureau de poste devaient porter le timbre CL. Au début, la couleur à utiliser pour frapper ce timbre n'est pas spécifiée. On rencontre ainsi des empreintes du timbre CL en rouge, noir, vert ou bleu. La circulaire n° 34 du 18 octobre 1834, précise que les timbres CL devaient être frappés à l'encre rouge comme les timbres CD, PP, PD et PF.
1849 : Lettre de moins de 7,5 g de VALENCIENNES pour TRITH ST LEGER.
1848 : Lettre de moins de 7.5 g SOLESMES pour la commune rurale de BRIASTRE.
On peut noter que l'empreinte du timbre CL manque quelques fois. Ces manques sont excusables au début de la mise en place du processus, cependant ils se poursuivirent très longtemps après.
En fait, le courrier circulant au sein d’un Arrondissement rural circulait en vase clos et loin des yeux de l’Administration. Le contrôle du respect des règles était finalement peu fréquent. Cet état de fait pouvait donner lieu à des « raccourcis » ou interprétations locales du règlement. Ces pratiques avaient souvent pour but de gagner du temps et de s’éviter de la peine, surtout dans les petits bureaux où le personnel était peu nombreux.
1838 : Lettre mise à la boîte du village de RECOURT dans le Pas-de-Calais (boîte rurale L) pour DOUAI (Nord). Il pouvait arriver qu'une ou des communes rurales d'un Département dépendent d'un bureau se situant dans un autre Département. La marque CL (Correspondance Locale) indique la lettre circule bien dans l'arrondissement du bureau de poste de DOUAI (DOUAI + communes rurales rattachées à ce bureau).
1850 : Lettre de SOMMAING (boîte rurale M) pour SOLESMES. La lettre a été ramenée au bureau le 15 octobre (vraisemblablement) après la dernière distribution et a été distribuée le 16.
1838 : Lettre en port dû de PONT A MARCQ vers TEMPLEUVE taxée à 1 décime.
1837 : Lettre en port dû de VALENCIENNES pour ANZIN.
Cette lettre pèse 7,5 g, elle est donc normalement taxée à 2 décimes.
Les lettres locales pesantes (supérieures au 2ᵉ échelon de poids) sont peu communes. L'expéditeur préférait souvent porter ce genre de missive lui-même ou passer par un autre intermédiaire, car le montant de la taxe sur ce genre de lettres était prohibitif.
Desserte locale par un facteur rural
Ces 2 lettres montrent ce qui pourrait ressembler à des irrégularités (en tout cas en rapport avec les directives de l'Instruction Générale de 1832). Elles ont été recueillies par un facteur rural soit dans une boîte rurale, soit parce qu'on les lui a remises en main propre, mais aucune ne porte la mention d'une taxe alors qu'elles sont destinées à la commune du bureau de poste. Elles auraient donc dû être ramenées au bureau, car un facteur rural ne pouvait à cette époque desservir la commune du bureau. C'était le travail du facteur de ville ou du facteur local. L'Instruction Générale de 1832 et son article 546 sont très clairs sur ce sujet : "Dans aucun cas, les facteurs ruraux ne devront distribuer de lettres dans la commune où est placé un établissement de poste ; et réciproquement, les facteurs de ville ne devront pas faire de distribution dans l'arrondissement rural".
Quoi qu'il en soit, à certaines époques, il semble que des bureaux ont mis en place temporairement des dessertes locales (donc dans la ville du bureau) avec un ou des facteurs ruraux. L'Administration en était tout à fait consciente, car dans l'Instruction Spéciale des Inspecteurs des postes de mai 1838, elle demandait à ses inspecteurs de vérifier si les bureaux ne contrevenaient pas à l'article 546 de l'Instruction Générale. Les dessertes locales par les facteurs ont été officiellement autorisées dès 1847.
1838 : Lettre remise au facteur (timbre OR : Origine Rurale) dans la commune de BERSEE. Cette lettre aurait dû être ramenée au bureau de poste de PONT A MARCQ qui l'aurait taxée et qui y aurait apposé son timbre à date. Un facteur rural ne pouvait distribuer du courrier dans la commune du bureau de poste. Or ici, la lettre ne semble pas être passée par le bureau (pas de taxe, pas de timbre à date). On peut donc en conclure que le bureau de PONT A MARCQ avait mis en place une desserte locale avec le facteur rural, ce qui normalement n'était pas autorisé par l'Administration.
1837 : Lettre mise dans la boite du village d'HAVELUY dépendant du bureau de VALENCIENNES. Cette lettre ne semble pas avoir été taxée ni même être passée par le bureau de poste.
Le bureau de VALENCIENNES a dû mettre en place tout au moins partiellement une desserte locale de la ville par un facteur rural.
Lettres circulant entre 2 Arrondissements de la même Circonscription
Les lettres circulant entre 2 Arrondissements ruraux différents de la même Circonscription postale d'un bureaux de Direction étaient aussi sujettes au port local.
1847 : Lettre d'HALLUIN pour la commune de LINSELLES qui dépend du bureau de TOURCOING.
Le timbre CD est ici mal venu, puisqu'il ne peut être apposé que sur les lettres circulant dans l'Arrondissement rural d'un bureau de Distribution.
1847 : Lettre postée au bureau de QUESNOY-SUR-DEULE pour LILLE.
Cette lettre présente un type 15 de QUESNOY-SUR-DEULE sans dateur. En 1847, ce bureau était toujours une Distribution et donc ne devait pas posséder de timbre à date. Ayant été reçu par erreur, il a été utilisé comme une cursive.
1836 : Lettre de SECLIN pour LILLE.
Le bureau de SECLIN est alors un bureau de distribution dépendant du bureau de direction de LILLE.
1856 : Lettre mise à la boite d'une commune rurale (lettre-timbre G) dépendant du bureau de distribution de RACHES pour DOUAI.
Le bureau de RACHES dépendait de DOUAI.
Timbre de taxe de fabrication locale
La taxation des lettres représentait un gros travail puisque toutes les taxes étaient écrites à la main selon une calligraphie imposée. Le 2 juin 1831 (circulaire n° 30), l'Administration fournie à tous les bureaux un timbre de taxe correspondant à la taxe entre chaque bureau et Paris pour une lettre jusque 7,5 g.
Certains bureaux ont fait fabriquer à leur frais des jeux de timbre de taxe. Voici ici quelques exemples pour les bureaux du Nord et concernant le port local.
Jusque 1847, le travaille des agents taxateurs des bureaux de poste concernant le courrier local ne devait pas être très prenant. En effet, l'enquête statistique réalisée entre le 15 et le 28 novembre 1847 donne pour l'ensemble des bureaux du Nord un total de 8461 lettres locales et 33686 lettres territoriales. L'enquête a concerné 785093 habitants (car les bureaux de direction n'étaient pas obligés de répondre à l'enquête). En extrapolant les résultats sur un an, chaque habitant du Nord recevait en moyenne moins d'une lettre (0,3).
On connaît peu de timbres de taxe utilisés avant la période du timbre-poste. A ce jour, seul le bureau de Maubeuge est connu pour avoir utilisé en 1841 (au moins) ce type de timbre de taxe.
Les bureaux du Nord connus pour avoir utilisé du timbre de taxe de fabrication locales sont: MAUBEUGE, DOUAI, LILLE, ST AMAND LES EAUX et MOULINLILLE.
1841 : Lettre de BOUSIGNIES SUR ROC (lettre-timbre G2) pour COLLERET.
COLLERET se trouvait avant BOUSIGNIES dans la tournée du facteur rural de MAUBEUGE. Aussi, toutes lettres récupérées dans la boite de BOUSIGNIES pour COLLERET devaient être ramenées au bureau pour être renvoyées le lendemain à COLLERET.
1841 : Lettre mise à la boite du village d'AIBES (lettre-timbre H). Cette lettre pesait entre 7,5 et 15 g, car un plan y était inclus. Pour cet échelon de poids, il fallait payer 20 c.
1856 : Lettre de LILLE pour LILLE en port dû. Au lieu d'un trait de plume, la taxe est matérialisée grâce à une empreinte de tampon. Ce tampon est de fabrication locale, il n'était pas prévu dans la dotation des bureaux.
Le nombre 51 en haut à gauche est le numéro d'ordre de cette lettre dans l'inventaire des lettres en port dû de la ville pour la ville. En effet, depuis janvier 1852, les bureaux de poste sont tenus de numéroter les lettres en port dû de la ville pour la ville. Cette numérotation se fait à la journée et les numéros doivent être inscrit aussi sur le relevé nominatif n° 262.