Historique de l'occupation
Avant d'aborder l'histoire postale de l'occupation, il convient de relater les événements que connurent le Valenciennois de 1914 à 1918.
Le 3 août : la guerre est déclarée.
Les Allemands attaquent la Belgique qui était neutre et s'approchent de la frontière française.
Les Français se portent à la frontière et VALENCIENNES est délaissée. Il y subsiste seulement quelques réservistes et mobilisés du 127ᵉ régiment d'infanterie (basé à VALENCIENNES).
Quand il devint évident aux yeux de l'état-major français que les Allemands s'approchaient trop rapidement de la frontière, des troupes mieux préparées (françaises et anglaises) ont été envoyées dans l'arrondissement. Celles-ci devaient se diriger rapidement vers la frontière et au-delà en territoire belge.
Le 23 août : les premiers Allemands (1ʳᵉ Armée) ont passé la frontière aux environs de CONDE-SUR-LESCAUT et des combats frontaliers se sont déroulés au nord du Valenciennois.
Le 25 août : les Allemands arrivent à VALENCIENNES.
Fin août, début septembre : l'arrondissement qui n'est pas encore totalement occupé connaît quelques combats ici et là. Les Allemands ne sont pas encore assez nombreux et de nombreuses petites unités françaises retraitent et cherchent à regagner leurs lignes.
Le 7 septembre : chute de la place forte de Maubeuge. 40.000 Allemands supérieurement armés font plus de 40.000 prisonniers français. Il faut dire que MAUBEUGE était une place forte obsolète et que l'état-major n'a jamais entrevu l'idée que les Allemands envahiraient le Nord. Néanmoins, il est établi que les 10 jours de résistance de MAUBEUGE permirent aux Français de stopper les Allemands sur la Marne, car ces derniers auraient eu bien besoin des troupes encerclant MAUBEUGE.
A la mi-septembre, le sort du Valenciennois est scellé, il est entièrement occupé. Les Allemands s'y installèrent jusqu'à la fin de la guerre.
Photo de propagande représentant un groupe de soldats allemands se faisant indiquer la route de LILLE par un enfant en 1914.
Les années 1915 et 1916 sont des années où le front occidental se consolide. Le Valenciennois devient une plaque tournante de l'appareil militaire allemand. Les réquisitions se font plus nombreuses, le contrôle plus oppressant, la vie dans l'arrondissement plus dure. Les premières pénuries apparaissent en Allemagne. Les Allemands savent que la guerre va durer.
L'armistice avec la Russie à la fin 1917 permet aux Allemands de rapatrier des divisions vers le front de l'ouest. Cependant, ces troupes ne sont pas les meilleures et sont qui plus est peu préparées aux méthodes de combat du front de l'ouest.
L'année 1918 et la grande offensive de printemps peut faire croire aux Allemands qu'ils allaient remporter une victoire décisive. Mais en juin, il apparaît que les gains de terrains importants arrivent à leur maximum, la défense alliée devenant de plus en plus efficaces. Les Allemands ont perdu beaucoup de troupes fraiches dans ces combats. En juillet, les français contre-attaquent des troupes allemandes épuisées. L'offensive alliée et les victoires qui suivirent ne cessèrent jusqu'à l'Armistice.
Depuis juillet 1918, les contre-offensives alliées font reculer irrémédiablement les troupes allemandes qui refluent vers la Belgique en passant par le Valenciennois. Ces troupes dont le moral est très bas troublent évidemment les troupes stationnées dans l'arrondissement et donnent aux civils le sentiment que la fin est proche.
Les premières communes de l'arrondissement ont été libérées par les anglo-canadiens fin octobre 1918. Auparavant, les Allemands ont pris soin d'évacuer les populations civiles vers VALENCIENNES tout d'abord, puis la Belgique ensuite.
La guerre de mouvement ayant repris depuis septembre 1918, les Allemands reculent inexorablement. Ils espéraient néanmoins stopper les alliés sur la ligne Hermann dont VALENCIENNES était une position clé protégée par l'Escaut et les hauteurs du Mont Houy. De plus, la présence de très nombreux réfugiés d'autres villes rendait impossible le bombardement direct de la ville. L'investissement de la ville a été très bien préparé par les anglo-canadiens. Le Mont Houy a été pris en un seul assaut.
Le 3 novembre 1918 : VALENCIENNES est libérée par les canadiens.
L'Arrondissement de VALENCIENNES a été occupé successivement et/ou conjointement par 5 Armées allemandes, la 1ʳᵉ (fin août à mi-septembre 1914), la 7ᵉ (mi-septembre à mi-octobre 1914) la 6ᵉ (mi-octobre 1914-30/09/1916), la 1ʳᵉ (1ᵉʳ octobre 1916-20 avril 1917), le 2ᵉ (20 avril 1917- septembre 1918) et enfin la 17ᵉ (septembre 1918-3/11/1918). La 17ᵉ armée a installé son quartier général à ST AMAND le 1ᵉʳ février 1918. Elle a occupé effectivement VALENCIENNES dès octobre 1918.
Parade du 125ème régiment d'infanterie Wurtembergeois (26ème Division d'infanterie Wurtembergeoise). Du 1er au 11 mai 1917, ce régiment était en repos à VALENCIENNES. Il participa à 2 parades: le 6 mai devant le Général de la Division et le 9 mai devant le Prince Rupprecht de Bavière.
Pendant toute la durée de la guerre, le Valenciennois faisait partie de la zone des Etapes (Etappengebiet) immédiatement à l'arrière du front et avant la zone du Gouvernement Général en Belgique et le territoire allemand.
La zone des Etapes était une zone où transitait les troupes, les munitions, le matériel, les vivres qui étaient nécessaires à la poursuite du combat.
Les troupes allemandes y étaient donc dans une relative sécurité, malgré de fréquents bombardements aériens de la part des alliés. Ces raids visaient essentiellement les installations militaires (terrains d'aviation, gares, dépôts, fabriques de munitions). La précision de ces bombardements aériens était toute relative et il n'était pas rare que des civils soient victimes de ceux-ci.
Raid aérien sur VALENCIENNES 1915.
Voies de chemin de fer détruites par un raid aérien sur VALENCIENNES qui détruisit aussi 16 wagons de munitions.
Chaque armée avait sa zone d'étapes. Celle-ci était dirigée par une Inspection des Etapes. Elle était chargée de coordonner les flux de troupes et de matériel sur son territoire, mais aussi et surtout de maintenir les voies de communications vers le front. Elle était aussi chargée de la gestion économique et de récupérer les contributions financières demandées aux communes des territoires occupés pour la vie des troupes. Enfin, l'Inspection des Etapes se chargeait du maintien de l'ordre militaire et civil dans sa zone. VALENCIENNES a été le chef-lieu d'Etapes (Etappenhauptort) de 4 Armées; la 7ᵉ, la 6ᵉ, la 1ʳᵉ et la 2ᵉ. A la mi-septembre 1918, il n'était pas possible d'installer l'Inspection des Etapes de la 17ᵉ Armée à VALENCIENNES, car le front était trop près.
Il ne faut pas confondre chef-lieu d'Etapes et siège du Haut Commandement militaire. A titre d'exemple, et pendant la période de la 6ᵉ Armée, le chef-lieu d'Etapes était VALENCIENNES alors que le Haut Commandement se trouvait à LILLE.
Durant 4 ans, les Allemands vont s'installer dans l'arrondissement.